Tribune. Force est de constater que ceux qui continuent de prôner une fermeture des écoles pour contraindre les adultes à se confiner plus strictement n’ont pas entendu les conséquences terribles du premier et du deuxième confinement sur la santé mentale des plus jeunes. Plus de 30 % à 60 % des enfants, selon les études, seraient atteints par la crise : violences intrafamiliales, anxiété, dépression, anorexie mentale avant 12 ans, hyperphagie [fringales alimentaires], retard des acquisitions scolaires, troubles du sommeil, anomalies neurodéveloppementales précoces non diagnostiquées.
Le récent rapport de Santé publique France souligne une augmentation de 30 % des idées suicidaires ou de 43 % des épisodes dépressifs chez les 12-17 ans se présentant aux urgences. Cette pandémie affecte toutes les classes d’âge, même les moins de 6 ans, qui paraissent, aux yeux de leurs parents, plus agités, plus difficiles à endormir, moins enjoués.
Les messages d’alerte viennent pourtant du monde entier : les enfants sont en grande difficulté et sont privés des libertés fondamentales. L’Unicef rappelle que la pandémie a profondément creusé les inégalités, tout particulièrement chez les enfants. Cette crise majore la paupérisation de leurs parents, accroît la consommation des substances illicites chez les adolescents, augmente la dépendance aux jeux vidéo, favorise la malnutrition pour les plus démunis. Elle rend impossible la vie des familles dans des espaces restreints. Rappelons-nous qu’en France un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté.
Avant de faire de la fermeture des écoles une priorité de la lutte contre le SARS-CoV-2, il est important de prendre pleinement conscience de cette réalité funeste. Tout cela ne doit-il pas avoir de résonance lorsque l’on réclame, comme solution imparable à l’épidémie, la fermeture des écoles ? Nos enfants doivent-ils être les variables d’ajustement de la pandémie que nous traversons ?
En mai 2020, il était difficile de prédire les conséquences d’un confinement sans fin et confiscatoire. A l’époque, des études montraient que des enfants soumis à un confinement d’une quinzaine de jours en pleine crise due à la grippe H1N1 [en 2009] souffraient de troubles de l’adaptation massifs. Les chiffres nous avaient, à l’époque, paru démesurés. Nous pensions qu’ils étaient probablement faux. Malheureusement, un an après, nous avons appris que ces pourcentages avaient une réalité de terrain.
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